Pour reprendre la plume en ce début d’année sur cette vie de femme-mère-active qui est un vrai défi pour la plupart d’entre nous au quotidien, j’aurais pu écrire un tweet à mon utérus pour lutter contre la gynophobie, oui bien écrire une chanson sur le plafond de mère (j’en ai bien fait une sur le chemin du travail…).

Hello Marlène, qui êtes vous?
Marlène Schiappa, fondatrice et présidente de Maman travaille, blogueuse et romancière, adjointe au Maire du Mans… pianiste amateure et chanteuse de salle de bains, militante féministe et de défense de la laïcité, grande lectrice, petite cuisinière, Parisienne de naissance, Corse d’origine et Mancelle d’adoption. Amie fidèle, amoureuse passionnée quand je le suis, et membre d’En Marche! le mouvement d’Emmanuel Macron.
Quels sont les deux amours (ou plus) de votre vie?
Mes deux filles!
Pouvez-vous nous présenter votre petite famille?
J’ai deux filles donc, de 9 ans ½ et 5 ans, qui sont non seulement mes enfants mais aussi une grande source d’inspiration ! Je ne mets jamais de photos d’elles en ligne et ne donne pas leurs prénoms non plus, sans doute une façon de se protéger d’un monde dur comme celui de la politique et de façon générale, de faire la part des choses entre une visibilité publique (la mienne) et une vie privée (avec ma famille).
Qu’est ce que vous voulez transmettre avant tout à vos filles?
Des valeurs: ne pas juger les gens sans savoir, respecter les autres, faire attention, avoir de l’empathie… mais aussi avoir des convictions et les défendre ! Ce qu’elles font déjà naturellement, par exemple ma fille aînée est très écolo et nous fait souvent des leçons de morale sur notre utilisation de l’eau (un sujet déjà sensible pour moi mais sur lequel elle ne transige pas); Ma fille cadette a un grand sens de la justice et elle ne supporte pas que des gens soient tristes ou punis quand elle estime que c’est injuste, comme beaucoup d’enfants… cette nouvelle génération me semble-t-il est très engagée et a un sens exaceré du “bien et du “mal”, peut-être à cause du contexte difficile dans lequel elle grandit à l’échelle nationale… car même si nous voulons protéger nos enfants de l’actualité, ils en sont souvent très informés.
Quelle vision avez-vous de votre équilibre entre votre vie pro et votre vie perso?
Il m’a fallu 10 ans pour être satisfaite de mon équilibre vie pro / vie perso… Quand j’ai été enceinte, j’ai tout de suite perçu les difficultés qui sont celles des mères qui travaillent. C’est pour cela que j’ai créé “Maman travaille”. Il n’y avait aucun espace d’entraide, de partage de bonnes pratiques entre mères actives, et encore moins de mouvements de lobbying qui allaient frapper aux portes des mairies pour réclamer des crèches !
Après avoir énormément étudié et mené des recherches sur la question, résumées dans Plafond de mère – comment la maternité freine la carrière des femmes (chez Eyrolles) et pour le côté pratique dans Les 200 astuces de Maman travaille (chez Leduc) j’ai fini par moi aussi me détacher des attentes stéréotypées pour assumer mes propres envies et besoins.
Je travaille énormément. Je profite aussi très bien de mes enfants en sacralisant des temps; par exemple le mercredi est mon dimanche: pas d’activités, on traine en pyjamas… mais le dimanche j’ai souvent des événements comme élue ou des obligations. Je les accomplie sereinement en sachant que mes filles ne sont pas “lésées” d’une journée off qu’elles auront le mercredi. Quand nous sommes ensemble nous faisons beaucoup de choses, discussions, échanges, activités, sorties… et avons des petits rituels rassurants aussi bien pour elles que pour moi.
Avec l’expérience j’ai aussi appris à dire stop, mais on peut se permettre des choses à 34 ans avec 13 ans d’expertise dans son domaine professionnel qu’on ne peut pas à 20 ans quand on démarre… Ceci dit on m’a déjà remerciée de prendre la parole pour dire “moi je pars à 18h car je vais chercher mes enfants” à une réunion… une femme présente m’a dit qu’elle ne pouvait pas se permettre de dire cela, elle, et appréciait que je le fasse pour toutes.
Comme une grande partie de mon travail est consacré à améliorer la vie des femmes, je me dis aussi que je travaille pour leur avenir…
Que faites-vous dans la vie?
Je suis romancière (Pas plus de 4 heures de sommeil paru chez Stock est en cours d’adaptation au cinéma par Mélissa Theuriau), essayiste, blogueuse (Yahoo!, L’Express…), conférencière et chroniqueuse. Je préside le réseau Maman travaille que j’ai fondé il y a environ 9 ans. Et depuis 2014 je suis maire adjointe du Mans, chargée de l’égalité, et conseillère communautaire. Cela semble beaucoup mais ce ne sont en fait que plusieurs facettes d’un même engagement et d’une même passion.
Comment êtes vous arrivée à cette activité ? Quel a été votre parcours et cheminement ?
A la base je travaillais dans la pub, chez Euro RSCG (HAVAS) et j’ai voulu lancer une activité indépendante à la naissance de ma fille. L’idée était juste d’écrire deux trois piges et d’en vivre tout en la gardant le plus possible, mais cela a fonctionné au delà de mes espérances. J’ai pu créer des entreprises, en céder certaines, écrire une douzaine de livres… et surtout militer avec Maman travaille ! Par exemple nous avons mis en place le Pacte transparence crèches pour forcer des villes à rendre publics leurs critères d’attribution des places en crèches.
Pour moi c’est fini, je n’en aurai plus besoin, mais la satisfaction est grande de savoir que grâce à notre travail, les choses avancent. Je me sens devoir rendre des comptes aux générations futures et je ne veux pas avoir à leur dire “je n’ai rien fait pour améliorer la situation”. C’est inadmissible de penser que mes filles vivront les mêmes galères que moi au sujet de ce que j’appelle le “plafond de mère”.
Quelle a été votre plus grande difficulté ?
L’organisation et les modes de gardes. Quand j’ai eu ma fille aînée je travaillais chez HAVAS dans la pub, c’était compliqué d’être à 18h en brief et à la sortie de la crèche… donc j’ai démissionné pour lancer une entreprise de production de contenus web féminin; ma fille n’était gardée que 2 jours par semaine pendant ses deux premières années. Donc je travaillais sur la table basse du salon, avec le bébé sur les genoux ou dans son transat, je l’amenais à des rendez-vous… Rétrospectivement c’était une galère sans nom, je ne conseille ça à personne et je n’aurais pas, dix ans après, l’énergie de supporter ces conditions !
Pouvez-vous nous partager votre meilleur conseil pro ?
J’ai appris à identifier mes besoins et mes limites. C’est le père de mes filles, Cédric Bruguière, qui est manager de carrières et avec qui j’ai co-écrit “J’arrête de m’épuiser” (chez Eyrolles) qui me l’avait appris. Il a conçu un outil simple de gestion du temps et d’organisation qui permet d’évaluer à l’avance sa charge de travail et son degré d’épuisement.
Pour en faire une version simple vous pouvez prendre un doc Excel et mettre en colonne les mois ou les semaines et en ligne les projets, et colorier avec des couleurs quand et à quel degré tel projet va vous occuper. Je dis stop quand j’ai plus de 3 grosses échéances dans un même mois. C’est aussi la théorie des barres de recharge des portables, que l’on a mis dans « J’arrête de m’épuiser » à la fin, en cartonné… Demandez-vous si vous êtes rechargé ou si vous avez besoin de l’être. Quand votre téléphone clignotte rouge vous le mettez a charger: faites pareil avec vous, n’attendez pas d’être en rouge pour recharger vos batteries !
Quelles sont les lectures liées à la vie pro qui vous inspirent ?
La page Facebook de l’Agence pour l’Entreprenariat au féminin. Je ne suis plus entrepreneuse au sens strict mais en tant qu’indépendante, les publications de Goretty Ferreira m’inspirent beaucoup… Elle est souvent copié mais jamais égalée car elle sait faire passer des engagements dans l’assertivité et sa volonté d’accompagner les femmes vers la réussite est entière et sincère !
Rien à voir mais la page Facebook de Lisa Azuelos qui réalise la film DALIDA et sous la direction de qui j’ai contribué au livre No Gynophobie est aussi audacieuse ! J’aime les belles pages Facebook où l’on sent, pas forcément le joli graphisme marketing, mais le coeur de la femme qui l’anime… donc Facebook me régénère !
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Le site Mamantravaille.fr
la page facebook Maman Travaille
Retrouver toutes les publications de Marlène Schiappa par ici.
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Une réflexion sur “Rencontre avec Marlène Schiappa entre ses deux amours”